Peut-on inverser la progression d’Alzheimer avec une alimentation végétale ?

Couple retraité cuisine végétal

Les maladies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer, sont les maladies la plus redoutées des personnes âgées. Pourtant, une étude menée par le Dr Dean Ornish a montré qu’un changement de mode de vie intégrant une alimentation végétale, combiné à de l’exercice et des techniques de gestion du stress, peut non seulement ralentir mais aussi inverser les premiers stades de cette maladie dévastatrice.

Des résultats prometteurs grâce à un programme basé sur le mode de vie, intégrant un régime végétal

Le Dr Dean Ornish a été le premier à montrer, dans un essai contrôlé randomisé, que des changements du mode de vie et un régime végétal pouvaient apparemment inverser la progression de notre principale cause de mortalité, les maladies cardiaques – en ouvrant les artères sans médicament et sans chirurgie.

Il a ensuite montré que le même programme à base de plantes pouvait potentiellement inverser l’évolution du cancer de la prostate à un stade précoce et allonger nos télomères, suggérant également un effet anti-âge.

Récemment il a appliqué un programme similaire à des patients atteints d’Alzheimer à un stade précoce. L’étude, publiée dans une revue scientifique spécialisée, révèle que 70 % des participants ayant suivi une alimentation végétale, combiné à de l’exercice modéré, des techniques de gestion du stress et un soutien social, ont montré une stabilisation ou une amélioration de leurs fonctions cognitives. En revanche, dans le groupe témoin, environ 70 % des participants ont vu leur état se détériorer.

Résultats de l’essai randomisé de dean Ornish,  où des changements du mode de vie et un régime végétal ont inverser la progression de la maladie d'Alzheimer en 70% des patients dans le groupe d'intervention, pendant que 70% des participants dans le groupe de contrôle ont vu leur état se détériorer.

Des transformations concrètes dans la vie des patients

Au-delà des chiffres, les témoignages des participants illustrent l’impact humain de cette intervention. Certains, qui avaient perdu la capacité de lire un livre ou de suivre un film, ont retrouvé ces aptitudes. D’autres ont récupéré la capacité de gérer leurs finances ou de reprendre des activités qu’ils pensaient abandonnées à jamais. Dan Jones, un musicien participant à l’étude, a témoigné avec émotion de sa capacité retrouvée à jouer ses morceaux préférés sans confusion ni erreur, redonnant un sens à sa vie et à son identité.

Pourquoi une alimentation végétale ?

Le lien entre l’alimentation et la santé cérébrale est solidement établi. Trop de cholestérol dans le sang est un facteur de risque majeur pour le développement de la maladie d’Alzheimer, car il favorise la formation de plaques amyloïdes dans le cerveau.

Ce phénomène est illustré par le paradoxe nigérian. Bien que les Nigérians aient l’un des taux les plus élevés de porteurs du gène APOE (associé à un risque accru d’Alzheimer), ils affichent parmi les taux les plus faibles de la maladie. Ce paradoxe s’explique par leur régime alimentaire traditionnel, faible en graisses animales et riche en fibres, qui maintient des niveaux de cholestérol bas.

Il existe un consensus croissant selon lequel « ce qui est bon pour notre cœur est également bon pour notre tête », car l’obstruction des artères cérébrales par des plaques d’athérosclérose jouerait un rôle dans le développement de la maladie d’Alzheimer. Voici à gauche à quoi devraient ressembler nos artères cérébrales : ouvertes, propres et permettant au sang de circuler dans notre cerveau. Voici à droite à quoi ressemble l’athérosclérose dans notre tête : obstruée par le cholestérol, qui obstrue nos artères et bloque la circulation sanguine.

Pour prévenir Alzheimer, les recommandations alimentaires convergent vers une diète riche en légumes, fruits, légumineuses et céréales complètes. Même des ajustements modestes, comme remplacer 5 % des protéines animales par des protéines végétales, peuvent significativement réduire les risques de développer des maladies neurodégénératives.

Traitement d’Alzheimer : le changement de mode de vie face à la médication

Bien que ces résultats soient encourageants, l’étude d’Ornish souligne que l’efficacité dépend fortement du degré d’adhérence au programme. De plus, contrairement à un médicament, une intervention basée sur le mode de vie ne peut être « distribuée » comme un placebo, ce qui laisse une part d’effet psychologique difficile à mesurer.

Cependant, les bénéfices du changement de mode de vie vont bien au-delà de la simple gestion des symptômes. Cette approche ne présente aucun des effets secondaires et s’appuie sur des solutions simples, accessibles et sans risques. En comparaison, les traitements médicamenteux actuels sont coûteux, souvent inefficaces et présentent des effets secondaires sérieux, comme les gonflements ou les hémorragies cérébrales. À titre d’exemple, un traitement récemment approuvé par la FDA coûte 56 000 dollars par an et offre des résultats minimes, avec des risques élevés pour les patients.

Face à ces limites, l’approche holistique promue par l’étude du Dr Ornish offre un espoir réaliste et durable, en transformant non seulement la santé cognitive, mais aussi le bien-être global des patients.